
Le transport maritime est une pierre angulaire de l’économie mondiale. Il représente près de 90 % du commerce international en volume, mais cette industrie est également l’une des plus polluantes. Chaque année, les navires émettent environ 1 milliard de tonnes de dioxyde de carbone (CO₂), soit près de 3 % des émissions mondiales, selon l’Organisation maritime internationale (OMI). Dans un contexte où la crise climatique impose des changements rapides et radicaux, il est impératif de repenser le secteur maritime pour le rendre plus performant et durable. Alors, quelles sont les solutions pour décarboner l’industrie maritime et passer à un transport "vert" ? Suivez-moi pour explorer ces pistes prometteuses !
Améliorer l’efficacité énergétique des navires
Une grande partie des émissions du transport maritime provient de l’inefficacité des navires eux-mêmes. La première étape pour réduire leur empreinte carbone consiste donc à optimiser leur rendement énergétique. Les constructeurs navals, tout comme certains armateurs, se penchent de plus en plus sur ce sujet.
Parmi les innovations les plus intéressantes, on trouve le redimensionnement des coques pour réduire la résistance de l’eau, ou encore l’amélioration des systèmes de propulsion. Certains navires sont déjà équipés de technologies comme des hélices à pales ajustables ou des systèmes de lubrification par air, qui limitent le frottement entre la coque et l'eau. Ces solutions permettent de réduire la consommation de carburant et, par conséquent, les émissions de CO₂.
Un autre levier important est le retrofit, qui consiste à moderniser les navires existants avec des équipements plus performants, plutôt que de les remplacer entièrement. Cette option, bien que moins médiatisée que d'autres, peut avoir un impact significatif à court et moyen terme.
Passer à des carburants alternatifs
L’une des pistes les plus explorées pour décarboner le transport maritime est le recours à des carburants alternatifs plus respectueux de l’environnement. Actuellement, le fioul lourd est utilisé par la majorité des navires, mais il est extrêmement polluant. Les recherches se dirigent vers plusieurs alternatives prometteuses.
Le GNL (gaz naturel liquéfié) est souvent mentionné comme une solution transitoire. Il émet environ 25 % de CO₂ en moins que le fioul lourd, mais il reste une énergie fossile, ce qui limite son potentiel à long terme. Cependant, il offre une réduction significative des émissions de soufre et d’oxydes d’azote, deux autres polluants majeurs de l’industrie maritime.
Les biocarburants, issus de matières organiques, représentent une piste intéressante. Par exemple, des huiles usagées ou des résidus agricoles peuvent servir de matière première pour produire ces carburants. Toutefois, la disponibilité de ces ressources en grandes quantités reste un défi.
Enfin, des options véritablement révolutionnaires comme l’hydrogène ou l’ammoniac sont sous les projecteurs. Utilisés dans des piles à combustible ou directement pour la propulsion, ces carburants n’émettent pas de CO₂ lorsqu’ils sont produits via des sources renouvelables. Des entreprises comme MAN Energy Solutions travaillent déjà sur la mise au point de moteurs capables de fonctionner avec ces carburants. Bien sûr, leur adoption à grande échelle dépendra de la mise en place d’une infrastructure adaptée.
Adopter des énergies renouvelables
Imaginez un retour aux sources, avec des navires propulsés par le vent, mais cette fois-ci grâce à des technologies modernes ! Des systèmes comme les voiles rigides ou les kite sails (cerfs-volants marins) sont déjà en cours d’expérimentation par des acteurs comme Airseas et Norsepower, et les résultats sont prometteurs. Ces dispositifs permettent d’utiliser l’énergie éolienne comme une source complémentaire, réduisant la consommation de carburant jusqu’à 30 %.
Certains prototypes explorent également l’utilisation de panneaux solaires pour alimenter des systèmes auxiliaires à bord des navires. Bien que l’énergie solaire seule ne soit pas suffisante pour propulser un navire de grande taille, elle peut être un excellent complément dans une approche mixte.
Optimiser les logistiques et les itinéraires
Un autre angle d’intervention pour réduire les émissions de gaz à effet de serre dans l’industrie maritime est l’optimisation des itinéraires et des plannings. Grâce aux big data et à l’intelligence artificielle, les opérateurs peuvent désormais identifier les routes les plus efficaces en termes de temps, de distance et de consommation de carburant.
De grandes entreprises, comme le géant danois Maersk, ont déjà intégré ces technologies dans leurs opérations. Par exemple, en réduisant légèrement la vitesse de leurs navires, une pratique appelée "slow steaming", ils parviennent à diminuer considérablement la consommation de carburant. Mais attention, cela nécessite une coordination accrue au sein de la chaîne logistique pour éviter les retards.
Mettre en place des mesures internationales
La décarbonation du transport maritime ne pourra se faire sans un cadre législatif solide et des objectifs contraignants. Certes, des initiatives comme l’OMI 2050, qui vise à réduire de 50 % les émissions du secteur maritime d’ici à 2050, sont déjà en place, mais elles restent insuffisantes pour répondre à l’urgence climatique.
Des solutions comme des taxes sur le carbone ou des contributions environnementales pourraient inciter les acteurs du secteur à adopter plus rapidement des mesures de décarbonation. Cela nécessitera bien évidemment une collaboration internationale pour éviter tout dumping environnemental entre les pays.
Par ailleurs, la certification des carburants et des technologies permettra de garantir leur conformité aux normes environnementales, ce qui est crucial pour maintenir la crédibilité et l'efficacité des initiatives en faveur du transport vert.
Le rôle clé des consommateurs et des investisseurs
Enfin, ne sous-estimons pas l’importance des consommateurs et des investisseurs dans cette transition. Une prise de conscience croissante pousse les entreprises à privilégier des modes de transport plus durables pour leurs marchandises. De plus, des fonds d’investissement responsables conditionnent désormais leurs financements à des pratiques respectueuses de l’environnement.
À titre d’exemple, des entreprises comme IKEA ou Amazon, dans le cadre de leur stratégie de réductions d’émissions globales, incluent dans leurs exigences le recours à des solutions décarbonées pour leurs chaînes logistiques maritimes. Ce type d’initiatives pourra accélérer le changement dans tout le secteur.